Société /économie : les enjeux post (?) Covid-19

La crise de la Covid-19 – qui n’est peut-être pas terminée – a mis en évidence la nécessité pour la Polynésie française de développer un modèle économique plus résilient et autonome. En deux mots, un développement qui soit soutenable à long terme et…plus équitable. En juillet, plusieurs bilans (IEOM, ISPF) évoquent la situation macro-économique du Pays. Des plans de relance ont été proposés et des “grands travaux” sont évoqués. Au-delà d’une “bétonisation” annoncée, il a aussi été question d’une agence d’aménagement et de développement durable des territoires… Vœu pieu ou réalité ?

 

+ L’Institut de la statistique (ISPF) a publié son dernier bilan démographique. En 2019, au 31 décembre, la population (tous archipels) avait atteint 278 400 personnes résidentes en Polynésie française, soit un accroissement de + 0,4 % (pour rappel, au 22 août 2012, la Polynésie française comptait 268 207 habitants). L’institut notait cependant un ralentissement de la croissance dû à la baisse de la natalité et au déficit migratoire. La structure de la population évolue : en effet la part de personnes de 75 ans et plus augmente alors que celle des moins de 20 ans diminue. Cette mutation est la conséquence de l’allongement constant de la vie, de la baisse de la natalité et des migrations.

278 400 résidents polynésiens recensés au 31 décembre 2019 (Tahiti News)

 

+ Un autre institut, l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) vient de publier une étude comparative entre la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie. si les deux territoires sont comparables en termes de population et présentent des similitudes structurelles, notamment sur la prédominance des petites entreprises et sur la forte dépendance extérieure, ils font également face aux mêmes contraintes liées à leur insularité, aux marchés exigus et aux mêmes sources de fragilité liées à leur spécialisation sectorielle, le nickel pour la Nouvelle-Calédonie et le tourisme pour la Polynésie (…) Aujourd’hui, si les stratégies de développement des deux territoires tentent de contourner les contraintes inhérentes aux petites économies insulaires, et de rendre leur modèle économique historique plus résilient et autonome, la crise Covid-19 rebat les cartes.

ÉCONOMIE – Étude comparative de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie (La Dépêche)

Polynésie et Calédonie : Deux économies, deux dépendances (Tahiti Infos)

 

+ La Polynésie française, qui vient de subir un coup d’arrêt important de ses activités économiques, compte sur de “grands projets” pour remonter la pente. Ce qui n’est pas toujours évident… Ainsi, la nouvelle version d’un ambitieux (certains diront démesuré) projet touristique, “Tahiti Mahana Beach”, le “Village Tahitien”, peine à trouver son rythme de démarrage. On parle maintenant d’affecter certaines parcelles à une structure privée de santé…

Village tahitien : la remise des projets définitifs et le choix des lauréats fixés à novembre (Radio 1)

Village Tahitien : les dates d’audition des investisseurs polynésiens ont été fixées (TNTV)

Les investisseurs lauréats pour le Village tahitien connus en novembre (Tahiti Infos)

Village tahitien, parcelle cherche projet (Polynésie 1ere)

Village Tahitien: les lauréats désignés avant la fin de l’année (Tahiti News)

Village Tahitien : une future clinique sur l’un des lots ? (TNTV)

Un pôle médical à l’étude au Village tahitien (Tahiti Infos)

Le Pays relance l’idée d’une clinique à Punaauia (Radio 1)

Faute de projet touristique sérieux, l’idée d’une clinique refait surface (La Dépêche)

Une structure de santé privée sur les hauteurs de Outumaoro ? (Tahiti News)

 

+ Le projet de ferme aquacole de Hao (Tuamotu) est encore terriblement flou dans ses considérations écologiques et ambigu dans ses considérations économiques. « L’impact sur le lagon n’est pas connu » (AvA-Infos),  reconnaissait en janvier dernier Wang Chen, de la société chinoise Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF), devant les membres du Cesec (institution représentant la société civile). Certains veulent pourtant encore y croire…

Pour la maire de Hao : « La ferme aquacole est un bon projet » (La Dépêche)

De son côté, le Pays a prolongé d’un an l’autorisation octroyée à TNOF pour l’implantation de son futur dépôt d’hydrocarbures de 1 230 mètres cubes. Mais l’autorisation deviendra caduque si les travaux n’ont pas démarré d’ici là. Rien de nouveau, en revanche, quant à la viabilité écologique du projet

Nouveau délai sur le projet de Hao (Tahiti Infos)

 

+ De façon peut-être moins ambitieuse, et plus réaliste, les projets d’aménagement de la zone industrielle de Faratea (Presqu’île) avancent. « Il s’agissait de trouver une autre voie à ce projet, vieux de vingt ans et qui n’a pas pu voir le jour pour plusieurs raisons », a expliqué Edouard Fritch lors d’une matinée de visites à Taiarapu-Est pour une présentation de l’avancement du fameux projet de zone bio-marine. Les références à la préservation de l’environnement ont jalonné les discours, à commencer par l’annonce de l’obtention d’un label du Pôle Mer Méditerranée. Une étude d’impact commune est prévue, tandis que chaque porteur de projet devra réaliser son ICPE (Installation classée pour l’environnement).

La « technopole aquacole » de Faratea prête à sortir des eaux (La Dépêche)

Développement de l’économie bleue à la presqu’île (Polynésie 1ere)

Zone biomarine de Faratea : le pôle d’aquaculture, pas à pas (Radio 1)

35 hectares dédiés aux activités biomarines sur le site de Faratea (Tahiti News)

 

+ Le développement durable est-il à l’ordre du jour du gouvernement et des communes ? Une nouvelle structure, l’Agence d’aménagement et de développement durable des territoires, a été créée afin d’assurer un accompagnement des collectivités locales et du Pays dans l’anticipation et la préparation des projets des archipels ; qu’il s’agisse de la mise en œuvre du Sage, des PGA, de l’organisation de l’urbanisation, des mobilités, de l’habitat, de la diversification des énergies, d’une meilleure prise en compte des risques et de la valorisation du patrimoine et des ressources.

Lancement de l’agence d’aménagement et de développement durable des territoires (presidence.pf : CM du 15/7/20)

 

+ Le MEDEF Polynésie salue par ailleurs le plan de relance présenté par le gouvernement pour faire face à la crise économique et sociale. Son premier volet « ne doit néanmoins pas faire oublier le retard que nous avons pris dans l’atteinte des objectifs plus durables, tels que celui de la transition énergétique, qui nécessite de doubler la part des énergies renouvelables (EnR) dans le mixte énergétique, d’ici 2030 », indique le syndicat patronal dans un communiqué. Tout en l’encourageant également « à s’engager plus fermement sur la voie de la transition énergétique et du développement du numérique. »

Le MEDEF appelle à une relance plus verte et plus numérique (Polynésie 1ere)

 

+ Le Logement et l’Équipement trustent la plus grosse part du gâteau de ce plan de relance : 8,7 milliards de liquidations prévues pour l’Équipement et 4,9 milliards pour le Logement, sur un total de près de 21 milliards… Lors d’une conférence de presse, avant de présenter les détails de son plan de relance annoncé « dans le courant du mois d’août », Édouard Fritch a expliqué vouloir faire du BTP le « moteur de la relance à court terme ».

Le Pays bétonne sa relance (Tahiti Infos)

 

Espérons qu’il ne s’agira pas de « bétonner » à tout va… !

+ Il faudra quand même couler du bêton pour la concrétisation de ce projet… Suite à la cession par l’Etat de parcelles de terrain auparavant affectées à l’Armée, la commune de Pirae veut concrétiser sa volonté de créer une véritable identité urbaine par l’aménagement d’un centre-ville dans la plaine de Taaone : équipements publics structurants et de proximité, espaces de loisirs, lieux d’activités économiques et logements, pour améliorer l’attractivité de son territoire et répondre aux besoins des habitants en matière de qualité de vie et d’accès à la mer.

L’ex-terrain du Comsup cédé à Pirae (Tahiti Infos)

Un nouveau centre-ville verra le jour à Pirae (La Dépêche)

Plus de 14 000m2 cédés pour l’aménagement d’un centre-ville sur la plaine de Taaone (Tahiti News).

 

…/…

Il ne s’agit pas, dans cette revue de presse, de proposer une analyse critique de la situation économique du Pays mais de donner à réfléchir sur l’évolution du “développement” proposé par les “décideurs” politiques et entreprenariaux. Il est  bon d’exercer un regard synthétique sur la situation actuelle de façon à en comprendre les enjeux majeurs, écologiques et humains.

« Replacer l’économie dans l’environnement et dans la perspective d’une amélioration de la qualité de vie de tous les hommes signifie d’une part que l’accent est mis sur les relations d’équilibre au sein de la biosphère permettant sa vie et son évolution, et d’autre part constitue une problématique centrée sur les rapports humains et les rapports sociaux. (…)

Le développement économique reste la matrice commune à la plupart des recherches théoriques. Celles-ci n’ont pas pris l’exacte mesure de l’ampleur de la crise sociale faite de pauvreté, de précarité, d’exclusion et de déracinement culturel, et de celle de la crise écologique dont on discerne mal les retombées futures si les pollutions de toutes sortes devaient s’aggraver encore et si l’épuisement des ressources naturelles se confirmait. Beaucoup de ces recherches hésitent encore à voir dans ces crises jumelées le résultat de la marchandisation généralisée des activités humaines et de l’emprise d’un système socio-technique devenu pourtant une “mégamachine”. »

(Jean-Marie Harribey, thèse sur le développement soutenable)

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