Protéger l’océan : réglementer, surveiller, réprimer mais aussi sensibiliser

Qu’il s’agisse de la ressource halieutique en haute mer ou de la « nurserie » que représentent les récifs coralliens, les humains dépendent en grande partie de l’océan. Très égoïstement, nous avons tout intérêt à en protéger l’intégrité.

 

« Les impacts du réchauffement climatique sur les océans sont déjà préoccupants : orages de plus en plus puissants, changement des courants marins, propagation d’espèces envahissantes, acidification, dommages irréversibles sur les récifs coralliens… Sans parler de la pollution par le plastique ! La forte hausse des captures depuis les années 1970 a aussi entraîné une diminution importante des stocks mondiaux de poissonset un déséquilibre des communautés vivantes dans de nombreuses zones de pêche. Cette érosion des stocks est amplifiée par la destruction ou la dénaturation des zones de reproduction et de nourricerie : estuaires, deltas, mangroves, marais littoraux », explique l’INRA (Institut national de la recherche agronomique).  

La zone économique exclusive (ZEE) de la Polynésie française, aussi vaste que l’Europe, est relativement à l’abri du « pillage » organisé dans d’autres zones océaniennes. Mais comment protéger cette ressource ?

L’édition de réglementations est un préalable. 

Ainsi, que faire pour lutter contre la surpêche du thon obèse, présent dans le Pacifique ? La question était dès le 12 novembre au centre des discussions de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta), qui avait pris en 2007 des mesures drastiques pour sauver le thon rouge, plutôt présent dans l’Atlantique. 

L’avenir du thon obèse préoccupe le monde de la pêche  (TNTV)

En Polynésie française,« l’espèce se trouve dans le rouge« , résume Daniel Gaertner, spécialiste des thons tropicaux à l’IRD, qui participe à l’évaluation des stocks de poissons pour la Cicta.

L’avenir du thon obèse, au coeur des préoccupations du monde de la pêche (Polynésie 1ere)

La surveillance est une obligation

La pêche industrielle est facteur de graves conséquences sur les écosystèmes marins ainsi que sur la sécurité et la qualité alimentaires. La baisse des stocks de poissons disponibles à l’échelle mondiale n’est malheureusement qu’une des multiples dérives de ces procédés industriels. Les bateaux de pêche étrangers se servent-ils dans notre zone économique exclusive (ZEE) comme dans un buffet à volonté. C’est la Marine nationale qui est en charge de la surveillance de notre ZEE. Un journaliste de la rédaction de Tahiti Infos s’est embarqué pendant 10 jours sur la frégate Prairial pour une mission de police des pêches.La mission du Prairial s’est poursuivie en dehors de la ZEE polynésienne, jusque dans les eaux internationales.

A la chasse aux pêcheurs illégaux à bord d’un bateau de guerre (Tahiti Infos)

 

La répression est hélas aussi nécessaire

Des usagers du PK 18 ont retrouvé, le 15 novembre sur la plage, deux petits requins pointe noire mutilés. Les nageoires et ailerons qui leur ont été coupés avaient été abandonnés près des troncs des animaux. Si le Parquet décide d’ouvrir une enquête et que les responsables sont retrouvés, ils encourent jusqu’à 17,8 millions de Fcfp d’amende et 2 ans de prison.

Punaauia : deux petits requins retrouvés mutilés au PK 18 (TNTV)

La direction régionale des douanes de Polynésie française a mis en œuvre des contrôles renforcés au niveau de la gare maritime qui a consisté en une vérification systématique des passagers et du fret des navires présents. Les douaniers ont découvert près de 5 kg de viande de tortue dans la glacière d’un individu. Cette marchandise a été saisie. La personne sera convoquée ultérieurement, elle encourt une forte amende.

Le code de l’environnement (article LP 124-81) de Polynésie française prévoit une une peine de trois mois d’emprisonnement en cas d’infraction et une amende d’1 million de francs. Ces dispositions sont doublées en cas de récidive.

Saisie de 25 kg de viande de tortue au cours d’une opération de contrôle renforcé à la gare maritime (Polynésie 1ere)

25 kg de viande de tortue saisis à la gare maritime (TNTV)

 

En amont, il y a la nécessité d’opérations de sensibilisation

À Hao, une mission de l’Observatoire des requins en Polynésie française est partie à la rencontre des élèves pour mieux les sensibiliser à la protection des animaux marins dont les requins. Des compléments d’information leur ont été apportés sous forme de fiches techniques et de films.

Mieux protéger les requins (Polynésie 1ere)

L’antenne polynésienne de la fondation Pew et diverses associations environnementales ont organisé le 9 novembre la projection gratuite, en avant-première, de deux documentaires « verts » pour mettre en avant plusieurs initiatives prometteuses dans les îles polynésiennes en faveur de l’environnement. 

L’un d’eux, le documentaire « Te Tai Nui a Hau : L’océan de paix », met en lumière le projet de grande Aire Marine Protégée porté par la population et les élus des îles Marquises. Face au développement de la pêche intensive et au déclin des stocks halieutiques au niveau international, les Marquisiens sont mobilisés plus que jamais pour préserver les ressources marines dont ils dépendent.

Vidéos – Projection de deux films écolo sur le fenua (TNTV) 

L’avenir de la pêche aux Marquises entre les mains du Pays (Tahiti Infos)

Début novembre, la Galerie des Tropiques, à Papeete, a accueilli  une exposition collective présentant les œuvres de 26 artistes portant leurs regards sur « un écosystème exceptionnel à protéger! ». L’exposition, réalisée dans le cadre de l’année internationale pour les récifs coralliens, était parrainée et présentée par l’acteur Lambert Wilson. Séduit par l’idée d’associer la beauté de la nature et son immense diversité à la création artistique, ce dernier avait répondu à l’invitation de Serges Planes, le directeur du Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (Criobe).Installé depuis plus de 40 ans en Polynésie, le Criobe est un centre de recherche spécialisé sur l »observation des coraux et l’évaluation des menaces qui pèse sur les récifs.

Les récifs coralliens, objets d’art et de science (Tahiti Infos)

Lambert Wilson parrain de l’expo « Les récifs coralliens, Objets d’Art et de science » à la galerie des tropiques (Tahiti Infos)

Lambert Wilson milite pour la sauvegarde des récifs et des perles  (Polynésie 1ere)

Dans la continuité de cette exposition, des œuvres du photojournaliste Alexis Rosenfeld ont été exposées en extérieur sur de grands panneaux. Ces panneaux sont, depuis, installés à la Gare maritime pour sensibiliser toujours plus de monde à la cause de l’écosystème corallien. L’exposition s’inscrit dans le cadre de l’année internationale pour les récifs coralliens.

« Récifs coralliens, un enjeu pour l’humanité », la suite (Tahiti Infos)

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