Préparer “autrement” l’après-Covid19 et éviter une crise à venir

Alors que le spectre du Covid19 semble s’en éloigner, la Polynésie s’est engagée depuis la fin du mois d’avril dans un processus de “déconfinement ” à l’issue duquel il est espéré une reprise de l’activité économique. Pour autant, avant la crise, la situation était-elle « normale » ? Des voix s’élèvent, sur le fenua comme à l’international, pour préparer “autrement” l’après-coronavirus et éviter une crise à venir autrement plus importante.

 

 La Polynésie française s’est retrouvée affectée, au cœur du Pacifique, par un bouleversement qui a touché l’ensemble des économies – mondialisées et interconnectées – de la planète. Celui-ci a révélé, s’il le fallait, des sociétés fragilisées, pas suffisamment durables et socialement inéquitables. Déjà affectées par des changements climatiques, celles-ci ont été terrassées par la pandémie en cours. Est-ce vraiment cette société-là que nous voulons retrouver ?

La crise sanitaire est bel et bien la 4ème crise écologique à côté de la crise climatique, de l’extinction de la biodiversité et de l’épuisement des ressources naturelles. Comme les autres, cette crise est créée par l’humain.

◊ Le 22 avril, la 50e Journée mondiale de la Terre a été complétement occultée. Pour la première fois de son histoire, cet événement, quand il l’a été, a été célébré uniquement de façon numérique, en raison des mesures de confinement qui touchaient la plupart des pays du monde. La situation est pourtant critique ! Notre environnement est pollué par tous les rejets chimiques industriels, agricoles (pesticides, OGM, résidus médicamenteux, plastiques, nano-matériaux…) et nucléaires, ainsi que par les champs électromagnétiques.  Les cycles de l’air et de l’eau sont mis en danger et c’est notre survie, en tant qu’élément de notre biotope, qui est désormais compromise. Nous ne pouvons plus accepter d’être pris.e.s, avec notre écosystème et sa biodiversité, pour une gigantesque poubelle à ciel ouvert. (cf. L’Appel pour la marche vérité et justice pour la santé environnementale- avril 2018)

Quelques voix s’élèvent sur le fenua

◊ Une pétition a été lancée sur les réseaux sociaux, qui frôle déjà les 1000 signatures. Elle appelle à revendiquer l’état d’urgence climatique : « cette crise est à nos portes et sera bien plus dévastatrice que la crise sanitaire. Notre gouvernement doit prendre sa responsabilité et les mesures nécessaires à travailler notre résilience le plus vite possible. Voyons dans cette transition l’opportunité de nous reconnecter entre nous et à la nature. »

Certes, comme l’a admis le président du Pays : Une « leçon » de cette crise : il faudra « travailler plus à notre autonomie alimentaire » estime Edouard Fritch (TNTV)

Mais il ne faut pas se contenter de mesures cosmétiques…

« Le changement climatique va fortement toucher notre territoire et a déjà commencé à menacer nos confrères du Pacifique, rappelle le texte de la pétition. Face à cette menace, la volonté politique est certes présente mais insuffisante. Nous ne sommes pas prêts à affronter cette crise, notre autonomie alimentaire et notre résilience face à celle-ci sont faibles, notre dépendance aux énergies fossiles est encore beaucoup trop importante. Nous avons quelques années pour enclencher une transition forte afin de nous préparer à la crise, l’atténuer à notre échelle et montrer l’exemple. En réponse à cela, les citoyen.ne.s demandent que soit déclaré à l’échelle du pays l’état d’urgence climatique. »

Pétition à retrouver sur la page FB État d’urgence climatique PF.

◊ Cette pétition fait notamment référence à la Déclaration de Tarahoi qui est le résultat d’une réunion historique des présidents et représentants des parlements des îles du Pacifique, réunis à Papeete les 10 et 11 septembre 2019.

◊ Elle fait aussi écho à l’appel lancé au niveau national par Aurélien Barreau (Le plus grand défi de l’Histoire de l’Humanité) et Juliette Binoche, signé par 200 personnalités, « pour une “transformation radicale” (FranceTV Info). Ce texte, paru dans Le Monde mercredi 6 mai, interpelle les dirigeants et les citoyens à travers le monde pour les inciter à un changement profond de nos modes de vie face à la « catastrophe écologique en cours ».

« L’extinction massive de la vie sur Terre ne fait plus de doute et tous les indicateurs annoncent une menace existentielle directe. A la différence d’une pandémie, aussi grave soit-elle, il s’agit d’un effondrement global dont les conséquences seront sans commune mesure », peut-on lire dans cet appel signé notamment par 20 lauréats de prix Nobel.

◊ Dans un entretien paru dans le même quotidien, Le Monde, le sociologue et philosophe Edgar Morin estime quant à lui que la course à la rentabilité comme « les carences dans le mode de pensée, jointes à la domination incontestable d’une soif effrénée de profit, sont responsables d’innombrables désastres humains dont ceux survenus depuis février 2020. »

Entretien. Edgar Morin : « Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien » (Le Monde)

◊ Par ailleurs, l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a énoncé ses 100 propositions pour l’après-Covid-19. La Fondation Nicolas Hulot a inauguré, mercredi 6 mai, un site Internet pour inviter chacun à endosser ces principes. (letempsestvenu.org). Voir en PJ, Le temps est venu…

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