Il y a un mois, l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait avoir classé plusieurs pesticides comme « cancérogènes probables ». Une pétition a été lancée par l’association Agir pour l’Environnement pour interpeller les ministres européens de l’agriculture, de l’environnement et de la santé de l’Europe sur les dangers sur Roundup et interdire son utilisation en France. Une autre est aussi en ligne, lancée sur Avaaz.
En mars dernier, l’OMS a classé cinq pesticides de synthèse dans la catégorie 2A, dernier échelon avant la qualification de « cancérogène certain ». Parmi les produits définis comme tels par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’OMS, le glyphosate. Ava-Infos s’en était fait l’écho, en rapport avec la situation polynésienne. Ce produit de synthèse est l’élément de base du Roundup, fabriqué par Monsanto. La multinationale n’a pas tardé à contre-attaquer. Selon un communiqué de Philip Miller, vice-président monde des affaires réglementaires de Monsanto, « tous les usages autorisés du glyphosate sont sûrs pour la santé humaine ». Et celui-ci de préciser que le CIRC a écarté « des douzaines d’études scientifiques (…) qui soutiennent la conclusion selon laquelle le glyphosate ne constitue pas un risque pour la santé humaine ». La firme américaine a aussi demandé à rencontrer les experts de l’OMS, précise Le Journal de l’Environnement. Une méthode, analyse l’association Générations futures, « qui rappelle furieusement les pratiques des industriels décrites par le journaliste Stéphane Foucart dans son excellent ouvrage La Fabrique du mensonge (éd. Denoël, 2013). On y découvre comment des industriels, sous couvert de recherche scientifique, protègent leurs produits dangereux pour la santé et l’environnement. Il y raconte comment les industriels du tabac ont financé des études afin de produire du ’doute’ après la publication de travaux prouvant la dangerosité du tabac. Ou comment les industriels de la chimie ont réussi à noyer les études montrant la dangerosité des insecticides sur les abeilles en faisant publier… dix fois plus d’études aux résultats bien sûr contraires ».
Il revient aux citoyens de se mobiliser
L’histoire se répète sans cesse », commente Terra Eco. De quel côté penchera l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui doit également se prononcer sur le glyphosate ? Même si l’annonce est grave, il faut comprendre que l’OMS n’a pas d’influence sur les États. Il revient aux citoyens de se mobiliser pour faire entendre leurs voix et influencer les décideurs afin de garantir la santé publique, la sauvegarde de la biodiversité et la préservation de l’environnement.
– Pétition lancée par l’association Agir pour l’Environnement
En savoir plus :
– Le rapport du CIRC a été publié dans la revue scientifique The Lancet Oncology, publiée (en anglais) sur le web, le 20 mars
– Le glyphosate, le pesticide le plus épandu en France, « probablement cancérogène » (sur science-et-vie.com)
Voir cette vidéo, une séquence tirée du reportage « Bientôt dans vos assiettes (de gré ou de force) » de Paul Moreira pour « Spécial Investigation », sur Canal+. Ce documentaire a été primé au Figra 2015. Lorsque le journaliste propose à Patrick Albert Moore d’absorber du glyphosate, le scientifique lobbyiste de Monsanto a quelques hésitations. « Avec plaisir » , dit-il avant de se rétracter et finir par refuser définitivement de boire le breuvage… puis quitter le studio !
Bande annonce du film « Insecticide mon amour«
Félicitation !