Le traitement des déchets en Polynésie française repose aujourd’hui encore en grande partie sur l’enfouissement. Encore faut-il qu’ils ne soient pas jetés n’importe où dans la nature. Outre le recyclage, la création de déchetteries pourrait en diminuer la production. Ce qui permettrait de limiter le recours à l’enfouissement, et ainsi économiser les capacités de stockage des CET.
L’opération organisée le 2 novembre par l’association des pêcheurs de chasse sous-marine de Tefana afin de ramasser les déchets dans le lagon de Vaitupa, à Faa’a, montre que la problématique des déchets est toujours aussi préoccupante. Près de 5 tonnes de déchets ont été récoltés par l’association.
Tefana Water Days : près de 5 tonnes de déchets ramassés (Polynésie 1ere)
◊ Si l’on ne peut manquer d’être sensible à cette problématique locale, il est aussi nécessaire de l’intégrer à une réflexion planétaire. Il existe une poubelle flottante en perpétuelle accroissement, trois fois grande comme la France, à mi-chemin entre la Californie et Hawaï. Cela représenterait « environ 15 000 tonnes de plastique par an« , selon Boyan Slat, le PDG et fondateur de l’organisation The Ocean Cleanup qui a réalisé un gigantesque dispositif innovant de flottaison destiné à nettoyer les océans des déchets plastiques.
The Ocean cleanup récupère des tonnes de déchets du « continent plastique » (Polynésie 1ere)
◊ La maîtrise de la gestion des déchets s’avère une nécessité prioritaire. Le 12 octobre, cinq tonnes de déchets électroniques ont été collectées en une matinée à Arue par Fenua Ma qui avait organisé une collecte gratuite. Ces déchets d’équipement électrique et électronique (DEEE) ne peuvent pas être jetés dans les bacs gris ni les verts. Ils nécessitent un traitement spécial pour éviter toute pollution.
Arue – Cinq tonnes de déchets électroniques collectées en une matinée (La Dépêche)
◊ Ce type d’opération doit s’intégrer dans un cadre plus vaste avec la mise en place de véritables « déchetteries ». Le 22 octobre, le Syndicat Fenua Ma a signé une convention avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour un cofinancement de la future déchetterie de Punaruu. A terme, 12 à 15 déchetteries pourraient voir le jour à Tahiti et Moorea et permettre de développer l’économie circulaire sur ces îles.
Une première déchetterie à Tahiti en 2022 (Tahiti Infos)
Une convention de co-financement pour la future déchetterie de la Punaruu (TNTV)
Punaauia pionnière en matière de déchetterie (Radio 1)
◊ Cela ne doit pas empêcher le déroulement d’opérations de sensibilisation ayant également une vocation de nettoyage. À l’approche de la SERD (semaine européenne de la réduction des déchets) du 15 au 24 novembre, les actions de sensibilisation se précisent. L’Intercontinental Bora Bora Resort & Thalasso Spa relaye pour sa part le « Clean up day » : soit une matinée de ramassage des déchets, le 22 novembre, sur la perle du Pacifique. L’année dernière 60 participants avaient collecté 800 kg d’ordures. Pour sa journée de nettoyage, cet établissement touristique de Bora Bora espère battre des records de participation en impliquant d’avantage la population de l’île. L’année dernière 60 personnes avaient répondu présent contre… 120 l’année d’avant.
Ramassage des déchets : l’Intercontinental de Bora Bora vise un record (TNTV)
◊ La démarche peut même aller plus loin. Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ! En Polynésie, chaque habitant produit entre 250 à 350 kilos de déchets par an, soit près d’un kilo par jour. On compte environ une tonne de déchets par an pour une famille de quatre… À la mi-octobre, trente familles ont été sélectionnées pour participer à la saison 2 du défi Zéro déchet, à partir du 1er novembre. Très représentatives de la société polynésienne, ces familles auront cinq mois pour relever ce challenge environnemental (Page Facebook : Zéro déchet Tahiti). Cette nouvelle édition est soutenue par différents organismes, dont notamment l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) et l’Agence française pour la biodiversité.
Trente familles se lancent dans le défi Zéro déchet (Tahiti Infos)
Trente familles dans la course du défi zéro déchet (TNTV)
Trente familles pour zéro déchet (Radio 1)
◊ À noter qu’à l’occasion de l’inauguration de son composteur collectif, la ville de Pirae organise le 1er Festival Zéro Déchet « Fa’aiti i te pehu » de Tahiti, le samedi 23 novembre sur son site communal de Matatevai ! Des stands d’information, de sensibilisation, d’initiation, des ateliers créatifs, des compétitions sportives, des animations et des exposants respectant les valeurs de l’économie circulaire et du zéro déchet seront présentés durant toute la durée de cette journée extraordinaire. Un événement organisé par Te Ora Naho, la fédération des associations de protection de l’environnement en Polynésie française
Félicitation !