Il s’attache à répondre à certaines des idées liées au sujet pétrolier : « Il y a encore du pétrole pour 40 ans », « On va encore trouver de nouveaux gisements », … |
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Dans le domaine des énergies fossiles, de nombreux discours nous sont assénés, des plus rassurants aux plus alarmistes. Afin de nous faire une idée sur la réalité de la situation, nous vous proposons une analyse basées sur les données les plus objectives possibles (ou dont la confrontation permet la naissance de cette objectivité), dont certaines vous sont également accessibles sur le réseau Internet :
Il ressort de ces sources diverses et parfois opposées une inéluctable cohérence sur la situation actuelle du monde vis-à-vis des énergies fossiles.
Le pétrole est de loin la source énergétique la plus consommée dans le monde, et il est aussi le produit « magique » qui a permis de mettre en place le mode de vie dont nous avons l’habitude dans les pays riches.
En effet, il comporte de nombreux avantages :
Le pétrole est aussi, pour les mêmes raisons, l’énergie statistiquement la mieux documentée. Nous allons donc lui consacrer la plus grande partie de cet exposé.
Les découvertes de pétrole ont connu un maximum dans les années 60. Depuis, la baisse est inexorable, malgré les investissements croissants et les technologies de plus en plus avancées. Depuis 1980(voir graphique ci-dessous), nous consommons plus de pétrole que ce que nous trouvons, et cette tendance s’accentue d’année en année (à l’exception des alentours de l’année 2000 qui intègrent dans les découvertes des champs déjà connus à l’époque, mais qui n’étaient pas encore exploitables : pétroles extra-lourd de l’Orénoque (Vénézuela), sables bitumineux de l’Alberta (Canada), réserves des anciens pays de l’URSS comme le Kazakhstan, …). Cette baisse des découvertes de pétrole est d’autant plus impressionnante que les techniques d’exploration on été largement améliorées depuis les années 60, et que les techniques de forage en milieu hostile (nappes fragmentées, plates-formes off-shore de plus en plus profondes) se sont développées dans le même temps.
Cette ancienneté des découvertes se traduit aussi par l’âge des puits dans les principaux pays pétroliers. Le tableau suivant montre qu’il n’y a eu que très peu de découvertes de nouveaux puits durant les cinquante dernières années dans ces quatre pays.
La notion de réserve de pétrole est par nature approximative : on ne pourrait connaître la contenance exacte d’un puit que quand la dernière goutte de pétrole en a été extraite. Cependant, il est nécessaire de prévoir la production des nouveaux puits, afin d’adapter les investissements à la production attendue. Les géologues des compagnies pétrolières ont donc mis en place des outils qui permettent de connaître de façon probabiliste la production attendue d’un puits.
Sur ce critère de probabilité d’extraction, ils classent les réserves en trois catégories :
Les réserves prouvées, qui seront extraites avec une probabilité de 90%. Ces réserves incluent les puits découverts, et exploitables dans les conditions économiques et techniques du moment.
Ces réserves prouvées sont déclarées par les compagnies pétrolières et par les États, et sont donc les seules qui soient facilement accessibles. On peut qualifier les réserves prouvées d’officielles. On les nomme aussi « 1P ».
Les réserves probables sont des réserves avérées, qui ne sont pas exploitables dans les conditions économiques et/ou technologiques du moment, mais dont on peut raisonnablement penser qu’elles le seront à moyen terme. La probabilité de leur extraction est, elle, de 50%. On les nomme aussi « 2P ».
Les « réserves techniques » qui servent de base principale de travail aux géologues intègrent à la fois les réserves possibles (P90) et les réserves prouvées (P50) selon le calcul suivant : Réserves techniques = Réserves prouvées x 0.9 + Réserves probables x 0.5
La dernière catégorie de réserves, les réserves possibles, sont elles affecté d’un coefficient de probabilité de 10%, soit que le gisement n’aie pas été encore évalué avec suffisamment de précision, soit que leur exploitation nécessite un bond technologique ou économique qui n’est pas prévisible dans un avenir proche. On les nomme aussi »3P ».
Les réserves ultimes de pétrole représentent la totalité de ce qui aura été extrait, depuis le début de l’exploitation pétrolière, et jusqu’à l’épuisement total de la ressource.
Les réserves ultimes sont donc calculées de la façon suivante : Réserves ultimes = P90 + P50 + P10 + pétrole déjà consommé.
L’estimation de ces réserves ultimes est un exercice périlleux, mais nécessaire à la compréhension globale de la problématique pétrolière.
Depuis les années 70, une cinquantaine d’équipes scientifiques se sont prêtées à ce jeu :
Les conclusions de ces études sont étonnantes :
La convergence de ces études nous laisse à penser que la réalité devrait se situer autour de la moyenne. Nous prenons pour notre part comme chiffre de référence pour la suite de ce dossier la moyenne des estimations hautes, soit 2 400 Gb.
Intéressons nous maintenant à l’évolution des réserves prouvées (P90) :
Afin d’éclairer ce paradoxe, nous allons représenter sur la même courbe le pétrole consommé, ainsi que les réserves ultimes. Ces dernières ayant été estimées plus haut à 2 400 Gb, nous regarderons l’évolution du « reste », c’est-à-dire : Réserves ultimes – réserves prouvées – pétrole consommé.
Ce « reste » correspond naturellement à la somme des réserves possibles (P50) et des réserves probables (P10), représentées en vert sur le graphique ci-dessous :
Nous nous apercevons, que puisque la consommation de pétrole croit forcément avec le temps, et que les réserves prouvées augmentent elles aussi, c’est obligatoirement au détriment des réserves possibles et probables (P10 + P50). Cette quasi-disparition des réserves possibles et probables est très étonnante, et soulève une suspicion : n’y aurait-il pas de réserves classées dans les réserves prouvées (P90), alors qu’elles relèveraient de l’une des autres catégories ?
Afin de répondre à cette question, nous allons étudier plus particulièrement les six pays ayant les plus grosses réserves prouvées du monde : l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak, le Koweït, le Vénézuela et les Émirats Arabes Unis.
Si nous reprenons sur un graphiques les informations données par le BP Statistical Review 2007 sur les réserves prouvés des 6 pays qui totalisent plus de 60% des réserves mondiales nous obtenons le graphique suivant :
Sur ce graphique, plusieurs points sont sujets à caution :
Ces constatations nous permettent de nous interroger légitimement sur la fiabilité des réserves « prouvées » déclarées par ces six pays.
Les raisons de cette surestimation sont multiples :
Maintenant que nous avons une idée des ordres de grandeur des réserves de pétrole existantes, nous allons nous essayer au jeu des prospectives : comment va évoluer la production de pétrole dans les années à venir ?
Nous avons deux chiffres qui, dans leurs ordres de grandeurs, nous sont connus :
« Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ». Kenneth Boulding, ancien président de l’American Economic Association.
Dans ce cas, le pétrole sera entièrement consommé en 2038, et nous n’avons donc plus que trente ans devant nous.
Cette courbe, bien que plus satisfaisante que la première, ne résout pas le problème principal : selon elle, tous les puits de pétrole du monde produiront au maximum de leur capacité jusqu’en 2037, puis se tariront en même temps en 2038, ce qui n’est pas crédible.
Nous allons cependant conserver cette courbe car elle illustre bien notre volonté de consommation de pétrole.
Pour récapituler, nous avons trois courbes :
Félicitation !