L’intelligence artificielle n’est plus seulement un sujet de science fiction, les progrès de la science et de la technologie nous en approchent chaque jour d’avantage, avec ses espoirs et ses inquiétudes. Va-t-elle poser un problème majeur à l’humanité ? Un film récemment projeté à Tahiti pose en tout cas la problématique. Les « alternatifs », qui utilisent volontiers les outils informatiques et le Net, peuvent-ils éluder la question ?
En octobre 2014 au MIT, le patron de Tesla et de SpaceX, Elon Musk, avait fait part de ses craintes quant à l’impact de l’intelligence artificielle sur le sort de l’Humanité. Il avait plaidé pour une régulation forte pour encadrer les recherches sur l’intelligence artificielle pour empêcher « le démon » de l’intelligence artificielle de prendre le pouvoir. En janvier 2015, c’était au tour de Bill Gates et de l’astrophysicien Stephen Hawking d’évoquer, en les confirmant, ces propos alarmistes.
À Tahiti, on est loin de ces considérations là, même si nombreux sont ceux qui arborent désormais un smartphone dernier cri. Un film, récemment projeté dans une salle de cinéma de Papeete, Ex Machina, vient pourtant poser la question, même par le biais de la fiction. Il se trouve que l’androïde doté d’une intelligence artificielle (i.a.) qui est l’un des personnages principaux du film s’appelle… Ava. Une bonne raison pour notre site d’infos de s’interroger !
D’autant que, pour ceux qui s’intéressent à la presse magazine, Le Point du 25 juin propose un article dont le titre ne peut qu’interpeller : « Une semaine avec une puce sous la peau« . Un commencement de « cyborgisation » qui ne laisse pas de faire réfléchir… Le journaliste qui a rédigé l’article s’est fait implanter une puce RFID lors d’une expérience de groupe dans le cadre du festival Futur en Seine (du 11 au 21 juin), le festival du numérique en Île de France. Un implant dont on nous promet qu’il permettra de nous passer de papiers d’identité, de carte Vitale (carte de santé en métropole) mais aussi de tous nos badges d’accès et cartes de fidélité. « C’est un pas de plus vers l’homme augmenté« , annonçait l’une des vedettes du salon, Hannes Sjoblad, représentant de la Singularity University en Suède. Le mot est lâché : l’Homme augmenté. Cette possibilité d' »augmentation » des capacités humaines par le biais de la technologie est désormais le mot d’ordre d’un courant venu des USA mais qui fait des émules dans le monde entier. Il est notamment professé par Ray Kurzweil, informaticien et futurologue embauché par Google qui annonce l’avénement d’une « singularité » d’ici 2029… Autrement dit, le moment où les destins de l’Homme et de la machine se confondront…
En sommes-nous loin ?
Le super ordinateur d’IBM, Watson, répond aujourd’hui à des questions formulées en langage naturel. Il a d’ailleurs intégré l’Urban dictionary à son vocabulaire. Il effectue une analyse textuelle, audio et vidéo lui permettant aujourd’hui de marquer le pas dans la reconnaissance vocale, d’images mais aussi la reconnaissance faciale. Mis à la disposition des professionnels de la santé et enrichi par eux, cet outil d’aide à la décision, de partage d’expertise et de connaissance (8 hôpitaux sont partenaires à travers le monde) a vocation à s’appliquer à d’autres domaines, dont les services publics, la météo ou encore les transports. Il est déployé pour le moment sur 5 continents, dans 4 langages… Et à ce titre, les ‘puces’ sont amenées à jouer un grand rôle dans cet avènement d’un « homme bionique ». Ce n’est plus de la science-fiction. Le marché des biopuces devrait atteindre 11,8 milliards $US en 2018 ! Le tout porté par une mode du do it yourself appliquée au corps humain. Le groupe RFID Implantee sur Facebook compterait déjà plusieurs centaines de personnes… Une application Android, TagWriter, permet d’intégrer des données en approchant son smartphone à 1 centimètre de la puce. Théoriquement, la batterie de celle-ci permet de durer cent ans. 250 employés de la société suédoise Epicenter, qui ont plébiscité le procédé, s’en servent pour passer les portes, faire des photocopies ou payer à la cantine.
La puce sera-t-elle l’instrument de contrôle d’un nouveau totalitarisme ? On l’a déjà bien fait pour les animaux domestiques ! En posant la question, le journaliste du Point informe que le débat sera bientôt sur la place publique puisque Zoltan Itsvan, premier candidat transhumaniste à la prochaine élection présidentielle américaine, a prévu d »assortir ses meetings d’implants parties.
AvA-Infos aura l’occasion de revenir sur cette problématique autant prometteuse qu’inquiétante.
Pour info
– sur Rue89 « Ex Machina » : épouserons-nous un jour nos robots ?
Faut–il avoir peur de l’intelligence artificielle ? – Rue89 – L’Obs–
– sur psychaanalyse.com Francisco Varela : » Le cerveau n’est pas un ordinateur «
Félicitation !