Ferme aquacole de Hao : de nombreuses questions

La ferme aquacole de Hao, dans les Tuamotu, a été inaugurée le 5 mai. Il s’agit pour le gouvernement polynésien qui appuie ce projet d’un objectif stratégique de reconversion de  cet atoll qui doit devenir un pôle de développement pour les Tuamotu-Est et les Gambier. L’impact environnemental de cette activité n’est cependant pas sans inquiéter. 35 hectares sont mis à disposition pour 30 ans par le Pays sous la forme d ‘une concession renouvelable deux fois pour un total de 90 ans maximum.

 

 

Le projet envisagé par le groupe chinois  Tian Rui Investment via la société Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF), pour un capital de plus d’un milliard de Fcfp, prévoit une production annuelle attendue de 50.000 tonnes de poissons lagonaires (Mara, Tonu et Kito) avec en phase d’exploitation environ 2.800 cages d’élevage en lagon, précise Tahiti Infos. En phase chantier, le projet devrait générer entre 400 et 550 emplois. Pour l’exploitation de la ferme, le nombre d’emplois permanents serait de deux équipes de 250 personnes dont 20 cadres polynésiens formés par l’université de Shanghai, précise encore le site d’infos en ligne. Après avoir été la base arrière du Centre d’expérimentation du Pacifique  (CEP) et de ses essais nucléaires, Hao pourrait devenir la plaque tournante de l’aquaculture dans les Tuamotu. Depuis 2009, l’Etat s’efforce de rendre à l’atoll son aspect d’origine. Mais l’environnement  de Hao a été atteint par trois décennies d’insouciance vis-à-vis de la capacité de la nature à se régénérer. Selon un article du Monde paru le 26 juin 2012, une étude remise à l’époque au ministère de la Défense, et présentée alors aux élus polynésiens, a révélé l’ampleur des risques sanitaires auxquels est exposée la population. »Ce document, rédigé par les bureaux d’étude Artelia et Pae Tai Pae Uta, met en évidence des teneurs en métaux et PCB, notamment dans les échantillons de poissons et de noix de coco, à des niveaux supérieurs aux normes européennes« , indique le quotidien du soir.

Il y a aussi des restes encombrants dont le traitement est loin de faire l’unanimité des habitants, pour diverses raisons, notamment foncières. Par ailleurs, de nombreux pêcheurs ne sont pas prêts à céder de l’espace du lagon pour la production de poissons, coquillages et crustacés sélectionnés en écloserie et élevés en cage en vue de leur exportation en Chine.

 

Des risques environnementaux

 

La convention finale entre le Pays et les investisseurs chinois est toujours à l’étude. D’ici à ce qu’elle soit finalisée, la ferme aquacole de Hao conserve son statut de projet. Mais la population reste très partagée sur la perspective de cette gigantesque implantation. D’autres questions se posent en effet concernant l’impact écologique de la production elle-même de poissons d’élevage. Pollution maximale en antibiotique contre les poux de mer, déchets organiques en grande quantité sous les bassins, farine animale (sous forme de granulés) en tant que nourriture… ces installations ne sont pas anodines vis à à vis de l’écosystème au sein desquelles elles prennent place. Des poissons s’échappent fréquemment des cages, représentant une menace lorsqu’il s’agit d’espèces exogènes, de poissons malades ou parasités, ou une source de pollution génétique lorsque ce sont des souches OGM ou sélectionnées. Les investisseurs n’ont pas donné de précisions sur les techniques qu’ils comptent utiliser… Les élevages fournissent aujourd’hui la moitié des poissons consommés sur la planète (soit près de 60 millions de tonnes par an), alors que cette proportion n’était que de 9% en 1980. Or, précise un article de lexpress.fr, « la majorité des élevages est constituée par des espèces carnivores nourries avec des farines et des huiles de… poissons sauvages. Leur rentabilité énergétique semble une aberration. Il faut ainsi de 4 à 6 kilos de sardines ou d’anchois pour produire 1 kilo de saumon d’élevage. (…) Selon l’agence norvégienne de l’environnement, les rejets d’une ferme piscicole de moyenne importance sont, par exemple, équivalents à ceux d’une ville de 50 000 habitants (…) La promiscuité des poissons en captivité – la densité peut atteindre, selon les espèces, jusqu’à 50 kilos par mètre cube – entraîne aussi la propagation des maladies, incitant les éleveurs à traiter les poissons aux antibiotiques, antifongiques et autres pesticides qui contaminent les eaux« 

 

 

 

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