Le premier essai nucléaire aérien (pour plus d’une quarantaine jusqu’en 1974) a eu lieu sur l’atoll de Mururoa le 2 juillet 1966. Aujourd’hui encore, leurs conséquences sanitaires sont l’objet de débat. Les derniers résultats de l’étude effectuée par l’INSERM font polémique. Les installations du CEP rétrocédées au Pays et aux communes posent aussi des questions d’ordre environnemental : pollutions difficiles et coûteuses à résoudre (plomb, amiante).
La métropole a vécu récemment un effet boomerang des essais nucléaires aériens réalisés au début des années 1960 dans le Sahara.
+ Les vents chargés de poussières en provenance du Sahara contiennent des résidus de pollution radioactive datant des essais de la bombe atomique pratiqués par la France.(…) Des analyses réalisées par l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest (ACRO) montrent que celles-ci contiennent des résidus de pollution radioactive datant des essais de la bombe atomique pratiqués par la France dans les années 60. « Cette pollution radioactive – encore observable à de longues distances 60 ans après les tirs nucléaires – nous rappelle cette situation de contamination radioactive pérenne dans le Sahara dont la France porte la responsabilité » conclut l’association.
Sable du Sahara : une pollution radioactive qui revient comme un boomerang (La Dépêche)
Du sable du Sahara porteur de Césium-137 teinte le ciel de la France (Polynésie 1ere)
La Polynésie n’a pas eu besoin de ce rappel pour raviver la mémoire de ceux qui se sont déroulés dans les Tuamotu… Mais les récents travaux menés par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) viennent encore de soulever des questions…
+ L’INSERM a mené une « expertise collective » pour évaluer les conséquences sur la santé humaine des essais nucléaires en Polynésie et conclut le lien entre des pathologies et des essais est difficile à mettre en évidence. De la mauvaise fois dénonce le président de Moruroa e tatou.
Etude INSERM sur l’impact sanitaire : Moruroa e tatou réagit vivement (Polynésie 1ere)
+ L’Institut national de la santé et de la recherche médicale conclut que les données scientifiques disponibles « ne mettent pas en évidence d’impact majeur des retombées des essais sur la santé » des Polynésiens. Des impacts qui ne sont toutefois pas écartés : l’équipe pluridisciplinaire appelle à davantage de recherche, de surveillance et de transparence sur le sujet.
Pas de preuves « solides » de l’impact sanitaire des essais nucléaires en Polynésie, juge l’Inserm (Radio 1)
Essais nucléaires en Polynésie française : un manque de données selon l’Inserm (TNTV)
Essais nucléaires et santé des Polynésiens : L’Inserm pointe un manque de données (Tahiti Infos)
« Bien qu’insuffisants pour conclure de façon solide sur les liens entre les retombées des essais nucléaires atmosphériques et la survenue de pathologies radio-induites en Polynésie française, ces résultats ne permettent pas non plus d’exclure l’existence de conséquences sanitaires. » L’Institut national de la santé préconise de consolider le registre des cancers au fenua et d’en créer d’autres pour les maladies cardiovasculaires et les anomalies congénitales.
Santé : les effets « pas exclus » des nuages atomiques... (La Dépêche)
+ Mardi 23 février s’est tenue une réunion de la commission consultative du suivi des conséquences des essais nucléaires en visioconférence depuis la Présidence. Cette assemblée est considérée par le Président comme le seul tour de table, légalement constitué, pour parler du fait nucléaire.
Réunion de la commission consultative du suivi des conséquences des essais nucléaires (Polynésie 1ere)
Le président de la République a nommé les nouveaux membres du Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) pour les trois ans à venir. Alain Christnacht, conseiller d’État honoraire, (…) est remplacé par Gilles Hermitte, conseiller d’État, par ailleurs président de la cour administrative d’appel de Lyon.
Nucléaire : Gilles Hermitte nouveau président du Civen (TNTV)
Conséquences des essais nucléaires : État, Pays et associations autour d’une table virtuelle (Radio 1)
Alain Christnacht, président sortant du Civen, revient sur les conclusions du dernier rapport de l’INSERM qui estime qu’il est impossible d’évaluer les conséquences des essais nucléaires sur la santé de Polynésiens.
– Conséquences du nucléaire : « un débat difficile entre approche scientifique et ressenti polynésien » (Polynésie 1ère)
Le président du Pays, Edouard Fritch, et le président de l’Assemblée de la Polynésie française, Gaston Tong Sang, ont participé, mardi matin, en visioconférence depuis la Présidence, à la Commission consultative du suivi des conséquences des essais nucléaires (CCSCEN), dont ils sont membres de plein droit. (…) Soulignant une fois encore que l’État, responsable du fait nucléaire, restait débiteur envers la Polynésie française et devait à tous les Polynésiens vérité, justice et respect, le président Fritch a constaté pour finir : « Vingt-cinq ans après les derniers tirs, alors que les témoins disparaissent, nous devons imaginer à cet instant d’autres moyens et méthodes afin de compenser les dommages causés aux Polynésiens par ces essais atomiques. »
Fait nucléaire: rechercher d’autres moyens et méthodes afin de compenser les dommages causés aux Polynésiens (Tahiti News)
Civen : Les associations de victimes restent critiques (Tahiti Infos)
+ L’Inserm a réagi vendredi aux critiques portées contre sa récente expertise sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires pour repréciser la nature de son travail de « synthèse » des études existantes, la reconnaissance d’un « effet probable de ces essais sur la survenue de cancers de la thyroïde en Polynésie » et pour assurer que son travail ne « remet pas en cause » la logique d’indemnisation des victimes.
Conséquences des essais nucléaires : L’Inserm réfute tout « négationnisme » (Tahiti Infos)
+ Depuis la cessation d’activité du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP), plusieurs opérations de rétrocession d’emprises foncières ont été « consenties », parfois laborieusement, par l’État (Bercy a longtemps freiné sur la résidence du commandant de la Marine à Papeete, pourtant censée devenir le centre de mémoire du fait nucléaire). Tantôt à l’euro symbolique, tantôt au franc symbolique… Les premiers bénéficiaires sont les communes qui, outre le retard accumulé sur la concrétisation de ces transferts de propriété, se sont retrouvées fort dépourvues lorsque la réalité leur est apparue ! Papeete, Pirae, Arue, Mahina, Taravao, Hao…, l’armée française, puisqu’il s’agit essentielle-ment de terrains à usage militaire, a laissé derrière elle des pollutions difficiles et coûteuses à résoudre : plomb et autres métaux lourds, hydrocarbures, et bien sûr surtout le fameux amiante que le secteur du bâtiment intégrait à peu près partout dans les années 60 comme un « produit miracle ». Des surprises qui, comme à Mahina (Des travaux de dépollution qui restent en travers de la gorge – La Dépêche), passent plutôt mal auprès de certains élus puisque les dépenses à engager – par le « bénéficiaire » – sont considérables. Laisser « gratuitement » sa pollution derrière soi, le symbole est fort. La nécessaire « réparation du fait nucléaire » ne devrait-elle pas passer par une autre attitude de Paris ?
– Drôle de franc symbolique… (La Dépêche, édito du 1er mars)
Rappelons aussi la douloureuse question des indemnités des victimes de ces essais…
+ Durant l’année écoulée, 144 victimes ont été indemnisées – principalement des personnes ayant séjourné en Polynésie– pour en moyenne 8,7 millions de Fcfp par dossier. Un chiffre à mettre en perspective avec les 149 nouveaux dossiers déposés sur la même période…
144 victimes du nucléaire indemnisées en 2020 (Tahiti Infos)
Félicitation !