Développement, environnement, eau, déchets : zoom sur les Tuamotu

De par leur situation géographique et leur configuration géologique, ces atolls – particulièrement exposés à l’isolement et aux risques climatiques – nécessitent des aménagements particuliers. Encore faut-il qu’ils correspondent aux critères du développement durable. L’actualité en cours à Hao -qui voit le projet de ferme aquacole remis en cause – à Manihi, Takaroa et Takapoto, à Makemo, à Rangiroa.

 

 

# Hao

+ Tahiti Infos dévoile les conclusions édifiantes d’un rapport de la chambre territoriale des comptes, non encore rendu public et daté du 28 juillet dernier, consacré au projet aquacole de Hao. Un projet “hors normes” qui semble aujourd’hui totalement à la dérive, avec des retards conséquents faisant peser des risques sur sa réalisation concrète. Et un rapport qui dévoile que le Pays a investi près de 620 millions de Fcfp dans ce projet, qui pourraient s’avérer “inutiles” s’il ne voyait jamais le jour…

(…) La chambre explique que trois études ont été menées pour établir un “point zéro” de l’environnement sur le lagon de Hao.. (…) Mais si ces trois études permettent d’établir un état du lagon avant l’exploitation du projet aquacole, d’une part la Direction des ressources marines recommande des études complémentaires et d’autre part, surtout, le rapport final de l’étude pour l’élaboration du Schéma Directeur de l’Aquaculture mentionne “la nécessité de conduire une étude globale sur les impacts environnementaux des activités aquacoles à venir sur l’écosystème lagonaire”. Or cette analyse n’a été menée en 2016 que pour les aménagements à terre liés à la construction de la base d’exploitation du projet. Selon la chambre territoriale des comptes, aucune étude d’impact environnemental n’a donc été menée sur l’activité aquacole de la ferme.

Le projet aquacole de Hao à la dérive (Tahiti Infos)

Pour rappel: Quid de la ferme aquacole de Hao ? Environnement : dernières polémiques en cours (AvA-Infos)

La chambre territoriale des comptes décortique le projet de ferme aquacole. Depuis bientôt huit ans, le projet chinois de ferme aquacole sur l’atoll de Hao n’en finit plus d’être différé, malgré le soutien financier du Pays. Après les critiques du président de la République, c’est désormais un rapport de la chambre territoriale des comptes qui estime que les retards accumulés peuvent « compromettre » la réalisation du projet. La juridiction s’interroge sur la prise de risque du Pays et l’utilité de ses dépenses sur l’atoll. Elle invite le gouvernement à plus de vigilance quant au respect des obligations de Tahiti Nui Ocean Foods.

Projet aquacole de Hao : Des travaux et des dépenses sans effets (La Dépêche)

 

+ Une délégation État-Pays s’est rendue à Hao du 23 au 26 septembre afin d’effectuer, entre autres, des repérages techniques pour le futur abri de survie prévu en lieu et place de l’actuelle mairie du village de Otepa. Le 30 mars 2021, une convention spécifique a été signée par le Président de la Polynésie française Édouard Fritch, le premier ministre Jean Castex et le ministre des outre-mer Sébastien Lecornu, afin de poursuivre l’installation d’abris de survie dans 17 communes des Tuamotu. Cette convention, en cofinancement État-Pays pour un montant de 50 millions d’euros (soit environ 6 milliards de Fcfp) prévoit tout de même une participation des communes bénéficiaires à hauteur de 5% du coût total, lorsque le financement des opérations est sous maîtrise d’ouvrage communale. Face à la menace cyclonique qui plane chaque année sur les îles de la Polynésie Française, et à plus forte raison sur les îles basses comme les atolls, ces abris surélevés et construits en béton armé, possèdent également des réserves d’eau et sont autonomes en électricité grâce à des panneaux solaires. Ils permettent d’éviter les drames humains en mettant la population à l’abri de ces catastrophes naturelles.

L’abri de survie de Hao, bientôt concrétisé (Tahiti Infos)

… Plusieurs groupes de travail ont été déployés sur le terrain pour partager avec les élus l’analyse et la faisabilité des différents projets en cours sur le territoire de la commune. (…) Sur le volet environnemental, le dossier du traitement des terres polluées et l’élaboration d’un plan municipal de gestion des déchets ont fait l’objet d’échanges entre les techniciens et la municipalité. (…) Ce déplacement s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement de la commune pour la mise en œuvre de projets de développement et d’aménagement souhaités par les élus. L’équipe a ainsi parcouru l’atoll afin de collecter les informations nécessaires à l’implantation d’une compagnie du RSMA, dont un premier détachement est attendu dès l’été 2022.

RSMA, mairie-abri, terres polluées: les trois gros chantiers de Hao (Tahiti News)

 

+ Le maire de Hao, Yseult Butscher, a montré son adhésion à ce projet en acceptant d’accueillir ce centre du SMA dans des locaux communaux actuellement disponibles.

Le SMA de Hao au cœur des échanges entre le président Fritch et le lieutenant-colonel Avenel (TNTV)

Sur le volet environnemental, le dossier du traitement des terres polluées et l’élaboration d’un plan municipal de gestion des déchets ont fait l’objet d’échanges entre les techniciens et la municipalité.

Hao : implantation d’une compagnie du RSMA et un projet de construction d’une mairie-abri (TNTV)

Pour l’heure, il s’agirait de trouver une emprise foncière, puisque les terres où était situé le dernier groupement, démantelé en 2010, ont été rétrocédés à leurs propriétaires.

Hao, un nouveau RSMA à l’orée 2022 (Polynésie 1ere)

Pour rappel : Marquises et Tuamotu – Climat, environnement, culture: même préoccupation (AvA-Infos)

 

# Manihi, Takaroa et Takapoto

+ À Manihi, Takaroa et Takapoto, les élus locaux ne manquent pas de projets. Edouard Fritch les a rencontrés en fin de semaine pour évoquer les besoins d’aménagement en termes de tourisme, de logement, d’électricité, d’artisanat ou encore de perliculture. (…) Dans le passé, Takaroa était l’un des atolls les plus prolifiques en termes d’activité perlicole. Aujourd’hui, son lagon est pollué par les déchets, cordages, lests et sacs à naissain laissés à l’abandon. Le maire a proposé à Edouard Fritch une organisation pour le ramassage des déchets de la perliculture immergés dans le lagon de Takaroa, une expérience pilote qui pourrait être reproduite dans d’autres atolls confrontés au même problème

Manihi, Takaroa et Takapoto en quête de développement (Tahiti Infos)

Mais quoi de plus concernant la protection de l’environnement et le développement durable de ces atolls… ?

+ Le président a ensuite visité la centrale hybride de l’atoll qui permet à la commune d’économiser plus de 60 % de gazole sur une année. Manihi mise ainsi sur la transition énergétique, allant jusqu’à enterrer tout son réseau électrique. Cette centrale hybride est bien entretenue et elle est amenée à s’étendre, en perspective des futurs projets hôtelier et de logement sur l’atoll.

Déplacement gouvernemental à Manihi, Takaroa et Takapoto (Tahiti News) communiqué du gouvernement

Le gouvernement en visite à Manihi, Takaroa et Takapoto (TNTV)

 

# Makemo

+ Selon le code général des collectivités territoriales (CGCT), toutes les communes doivent de fournir de l’eau potable à leur population d’ici 2024. Makemo et ses îles voisines, Katiu, Taenga, Raroia et Takume sont déjà prêtes. (…) Depuis 2017, 8 citernes d’eau potable ont été installées sur l’atoll à la disposition des usagers. L’école catholique Camica dispose de ses propres installations. Filtrée à la demande, le prix du litre d’eau est de 20 Fcfp. Et lors des périodes de sècheresse, la population fait appel à elle.

À Makemo, l’eau potable est précieuse. (TNTV)

 

# Rangiroa

+ Des actions prévues dans le cadre de l’opération de sensibilisation qui cible les déchets toxiques ont démarré sur Rangiroa, aux Tuamotu. L’objectif, à travers cette opération de sensibilisation, est d’agir avec les différents acteurs concernés et accompagner ce changement à travers des actions concrètes qui vont impacter le tri des déchets, pratique non installée aux Tuamotu.

Cette opération s’inscrit dans une démarche plus globale de réduction des déchets produits quotidiennement dans un contexte insulaire particulier qu’est celui des Tuamotu. (…) Une grosse opération de nettoyage des plages et des lagons est prévue le 9 octobre.

Les piles, puis le lagon : Collecte de déchets toxiques à Rangiroa (La Dépêche)

 

 

# Tuamotu en général

Faire fondre soi-même des canettes d’aluminium ou recycler les métaux contenus dans des batteries de voiture pensant faire un geste pour l’environnement n’est pas forcément une bonne idée. Aujourd’hui ces habitudes ont encore le vent en poupe dans certains archipels mais ont de lourdes conséquences sur la santé et l’environnement. (…) Une étude lancée en 2018 par la direction de la Santé et de l’institut Malardé, avait permis de pointer du doigt le taux anormal de métaux lourds dans le sang de certains habitants des Tuamotu. (…) Si pour beaucoup de ces apprentis fondeurs la raison est économique afin d’éviter d’acheter du plomb en commerce, la Diren précise que ces pratiques ont également un impact indéniable sur l’environnement. (…) La Diren rappelle également qu’un plan annuel de rapatriement de ces déchets dangereux est en place sur l’ensemble des archipels et permet de collecter plus de 700 tonnes de batteries de voitures. 

Faire fondre des métaux : une pratique dangereuse pour la santé (TNTV)

L’utilisation de déchets dangereux (notamment le plomb contenu dans les batteries pour en faire des plombs de pêche, la batterie pour en faire un moyen de lestage pour les chapiteaux et les corps-morts, les huiles usées comme répulsif contre les nuisibles, comme traitement des troncs d’arbre ou des véhicules et engins contre la corrosion), induit des pollutions diffuses des sols, des nappes phréatiques, des rivières et du lagon. TÉLÉCHARGER LE GUIDE DES DÉCHETS DANGEREUX DE LA DIREN

 

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